NACS

Comme une longue fugue…sans Bach.


Mon chien dort à mes pieds…
Il est mon présent éternel. Comme le chant du coq et le fil de l’eau: jamais ne seront de retour sur leur passage et nous emporteront pourtant dans les tourbillons d’un l’éternel recommencement : l’infini du temps.
Mon chien dort à mes pieds. C’est de tous les humains sur terre, le plus Spinozien de nous tous. Pour lui, toutes les nuits sont bleues et il en sera ainsi pour la nuit des temps.

Rien ne dérogera à cette règle, parce que c’est La Sienne et que de mémoire « canienne », toutes les nuits sont bleues. Il a la perception absolue de son être. Il se cale à l’exacte réalité de son monde. Rien n’advient qu’il ne comprenne, rien jamais n’est en excès et tout est à Sa place.

Il a la position du sage, celui qui prend la distance avec les interrogations perpétuelles, il sait lui, le comment des choses. Il ne lutte pas contre son destin ni l’injustice, parce tout est justement installé en place. 

 

Pour moi, son maître qui veille sur lui, toutes les nuits sont blanches. C’est ainsi que l’humanité veille : en nuits blanches, comme les pages éponymes de tous ses tourments. Elles aussi sont d’un éternel recommencement et d’une éternité de tracas d’écrivain. Il n’y a que le point qui soit final, c’est pourquoi il est frappé de noir. Un point blanc sur une page immaculée, ça ne traverserait pas l’histoire, ne ferait pas mieux qu’un simple trou dans la page…à moins que ce ne soit le trou d’un chat, un chat d’aiguille bien entendu. Mais rien qu’à cette idée me viennent des cauchemars de chiens et de courses sans fin, elles aussi éternellement recommencées, vaines et affolantes. Et pourtant je m’y glisserai bien dans ce hiatus de papier froissé par cette audace en monochrome. Je me glisse dans les rêves de course folle de ce chien qui dort et rêve de rattraper tous les chats du quartier, de grimper aux arbres, juste pour leur faire peur, pour rien, le plaisir de puissance peut être et par humour aussi, parce que les chats, c’est certain, ça n’a pas l’humour d’un chien. Et c’est un chien éternel, en situation de sage, qui me le dit.
Me glisser dans le hiatus d’un point blanc dans une nuit blanche, comme suivre la fascination d’une phalène sur un falot. La continuelle attirance du papillon d’une nuit, mais d’une nuit des temps. Des nuits de brume percées de feux de camps aux atomes de nos phares. Tous les papillons de nuits ont des rêves gris qui rongent leurs idées folles et volent leurs amours immaculés.

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